Racontage de vie mars

Publié le par webmaster

Il est revenu !

 

«  Moi, mon mari s’est évadé d’Allemagne avec deux ou trois copains… Ils avaient faim. Ils prenaient les gâteaux préparés pour les fêtes pendant que les gens étaient à la messe !

Ils se sont fait prendre à la frontière le premier coup mais pas le deuxième !

Il est revenu ! Il a risqué beaucoup sa vie là bas mais c’est à Azé qu’il s’est fait tué bêtement. Il a reçu une balle lors d’une bagarre avec le maquis dont il ne faisait pas partie. Il en faisait partie avec le cœur. Il était cultivateur, il ne pouvait pas laisser son travail. Nous ils nous donnaient des parachutes pour nous remercier de cacher des gens. Beaucoup se faisaient des habits avec le tissu des parachutes. On avait rien pendant la guerre… Quand il est mort notre bébé avait 10 mois et moi j’avais 20 ans. »

 

 

 

J’aimais bien mes fleurs…

 

« Je garnissais mon balcon de géraniums. Ils étaient rouges et rose. J’essayais de les garder année après année. Je les entreposais au garage pour les protéger des gelées. Au printemps, je les taillais, je coupais le bout des tiges, 5 centimètres à peu près et chaque année ça repoussait. Quand il ne gelait plus, je les sortais du garage c'est-à-dire fin mars, début avril. Je les mettais dehors, un peu à l’abri. J’en avais beaucoup. Je ne sais plus combien j’avais de pots mais il y en avait ! Je leur donnais un peu d’engrais, je les nettoyais.

Quand la terre était sèche, je les arrosais.

 

J’aimais bien mes fleurs.

 

J’en avais de toutes sortes. J’avais un grand jardin. J’avais aussi des massifs dans ma cour, un massif de rosiers, des œillets d’Inde, des roses, des dahlias… J’avais un massif d’impatients. Je ne peux pas tout énumérer ce que j’avais. J’avais 75 pieds de rosiers en plus des grimpants le long de la clôture. Mon mari taillait les rosiers, piochait, il m’aidait. Au printemps, j’avais des tulipes, des jacinthes, j’avais beaucoup d’œillets d’Inde, de roses d’Inde.  J’avais des pensées, des arums. C’est un gros oignon que l’on protège l’hiver avec des feuilles, de la terre et un couvercle en bois, et ça repart au printemps ! J’avais des pétunias, de verveines, il y en avait plein partout, j’étais bien occupée ! Du gypsophile, des pieds d’Alouette…

Dans le verger, j’avais un rang de pommiers de différentes variétés, un rang de poiriers (6 ou 7 pieds) sur un fil de fer qu’on appelle un cordon, un cerisier, un pêcher, un prunier, des groseilliers, des cassis, des framboisiers, des noisetiers… On conservait nos pommes tout l’hiver. Je les cuisinais, cuites au four, au beurre, en compote, en tartes, en gâteaux mais je faisais surtout des tartes. Mon mari aimait bien les tartes et les enfants, c’était pareil.

 

« T’as fait une tarte ? T’as fait une tarte ? »

 

J’en ai fait des tartes ! 250 g de farine, 100 g de beurre ramolli, une pincée de sel, de l’eau. Malaxer à la main et étendre tout de suite. Je mélangeais mes pommes avec du sucre et une noisette de beurre dans un saladier. Le dimanche matin je faisais ma tarte et puis on la mangeait ! J’en faisais avec tous les fruits…

Et tout ça je n’ai plus…

Il y a une piscine à la place, un jeu de boules des jeux pour enfants.

Et voilà…

Ma maison est toute chamboulée et toute changée. »

Publié dans mars 2009

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